Comment gérer et combattre le stress au travail ?

Comment gérer et combattre le stress au travail ?
Article mis à jour le
14/9/2022

Le stress au travail touche les collaborateurs à tous les niveaux de la hiérarchie.

Le chiffre est inquiétant :

24% des salariés français se déclarent être dans un état d’hyperstress*

Plus qu’un état désagréable du mental, le stress est un fléau qui représente de lourdes conséquences :

  • Sur les salariés ☛ Burn out, démotivation, absentéisme, augmentation des erreurs au travail.
  • Sur l’entreprise ☛ Baisse de productivité, dégradation de l’ambiance de travail, turnover et difficultés de recrutement, enjeux d’attirer et fidéliser les talents, dégradation de l’image d’entreprise
  • Un coût social ☛ Chiffré à 2 à 3 milliards d’euros par an (source INRS), ce coût comprend entre autres les soins, l’absentéisme, et les cessations d’activité.

C’est dire si l’enjeu du stress professionnel est important pour les salariés, pour l’entreprise et pour l’économie.

Mais alors comment gérer le stress au travail ? Il est essentiel de comprendre et de détecter les différentes manifestations du stress dans un premier temps, avant de savoir comment agir pour enfin travailler sereinement. Nos solutions à mettre en place.

*Source : Etude française du Cabinet Stimulus Conseil – 2017

Quels sont les symptômes du stress au travail ?

On entend beaucoup parler de stress, mais de quoi s'agit-il ? Et comment l’identifier au travail ?

Qu’est-ce que le stress au travail ?

Le stress est le ressenti par rapport à une situation perçue comme menaçante. Vous pouvez agir sur votre taux de stress s’il est élevé, sachant qu’il dépend :

  • de votre patrimoine génétique
  • de vos expériences, des habitudes, de la mémoire des échecs
  • de votre éducation, votre milieu familial
  • de vos valeurs (ex : la justice)

Ces facteurs de stress peuvent donc faire varier l’équilibre d’une personne.

Toutefois, il y a des déclencheurs communs. Au départ, il s’agit un mécanisme d’adaptation de notre corps : un ensemble de réactions physiologiques et psychologiques de notre organisme, face à une situation menaçante pour notre survie, notre intégrité physique. Par exemple, si vous vous retrouvez face à une tornade vous devez mobiliser les bonnes ressources pour pouvoir fuir ou lutter.

Au travail, nous pouvons aussi ressentir du stress face à des situations perçues comme menaçantes : la peur du manager autoritaire, ou encore la peur de parler en public... Ces perceptions font partie du stress psychologique qui peut s’installer sur la durée et être beaucoup plus impactant qu’un stress ponctuel ; puisqu’il est difficile d’échapper à ces perceptions alors qu’on peut très bien échapper à un événement climatique, sur le moment.

C’est notre façon de réagir à une situation, et non la situation elle-même.

Pour un même scénario, deux personnes vont ressentir un niveau de stress différent. C’est donc une histoire de perception et nous ne sommes pas tous égaux face à la boule au ventre au travail.

Enfin, notez bien que le stress que nous évoquons est nocif et n’est pas à confondre avec le stress « positif » : celui qui donne de l’énergie, de la motivation et va pousser par exemple à accepter une nouvelle mission, à relever un nouveau défi, ou à sortir d’une zone de confort.

Les 3 comportements et symptômes associés du stress

Les mécanismes physiologiques du stress nous permettent d’adopter le meilleur comportement possible face à un danger menaçant notre vie. Passer à l’action par une mobilisation des ressources permet de libérer une énergie.

Les comportements entre autres :

▶ Le stress par la fuite

Elle est caractérisée par un rythme cardiaque et un afflux sanguin augmentés pour faciliter la course. Cela peut se traduire, lorsque vous êtes débordé par exemple, par une procrastination des tâches au travail, surtout celles qui prennent beaucoup de temps. Cette fuite génère en général de l’anxiété car la deadline approche.

Les principaux symptômes : regard fuyant, manque d’écoute, bégayements.

▶ Le stress par la lutte

Elle entraîne une frustration, voire de la colère, lorsque vous devez faire une tâche dite pénible ou difficile par exemple, et que vous ne vous sentez pas à la hauteur.

Les principaux symptômes : tension des épaules et de la nuque, mâchoire crispée (ou bruxisme), irritabilité.

▶ Le stress par l’inhibition

Elle n’engendre rien car vous êtes dans l’impossibilité de fuir ou lutter. Une certaine négativité s’installe et vous sentez qu’il faut baisser les bras. Ce comportement est le pire face au stress, et il va faire le plus de mal à l’organisme car il n’y a pas d’action. Toute l’énergie déployée face au stress doit aller quelque part (colère, lutte) mais ici elle reste figée et bien présente.

Les principaux symptômes jouent beaucoup sur la santé physique et mentale : cœur ralenti, tension haute, courbure marquée du dos, fatigue, solitude, troubles de la concentration.

Les facteurs de stress psychologique au travail

Le stress au travail correspond au manque de ressources dont disposent les salariés pour répondre aux demandes auxquelles ils sont soumis. Les difficultés sont en général liées à l’organisation de l’entreprise, à la nature de leur profession et au fait qu’ils subissent trop de pression de travail.

On identifie 3 causes principales du stress en entreprise* :

  • La surcharge de travail : elle peut être liée à une mauvaise gestion du temps de travail, un désir d’excellence (en faire toujours plus qu’il ne faut), ou bien un manque de maîtrise (donc une lenteur dans le travail). Cela peut aussi provenir d’une réalité en entreprise : effectifs réduits, turn-over.
  • Le traitement de nombreuses informations : les tâches sont couplées aux informations en provenance des différentes structures (hiérarchique et fonctionnelle). Cela engendre une complexité dans le traitement des tâches (rapidité d’action), face à une forte exigence de l’entreprise sur les performances (principalement au sein des entreprises de grande taille).
  • L’autonomie au travail qui manque :  l’autonomie permet d’exprimer une certaine créativité, de développer des compétences, de ne pas avoir un rythme de travail imposé, et de participer aux décisions. Ce manque entraîne des répercussions sur la motivation.

➞ Ces causes et ces comportements ne sont pas une fatalité, des solutions existent contre le stress au travail.

*Source : selon étude du cabinet Stimulus Conseil en France en 2017

Réduire le stress au travail : les solutions

Les éléments déclencheurs et les effets du stress sont désormais connus, mais comment agir de façon individuelle, managériale et organisationnelle ?

Pour être efficace, ces 3 stratégies doivent être mises en place conjointement. Cela va contribuer au bien-être des salariés, à leur efficacité, et à la bonne image de l’entreprise.

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Découvrez notre formation : 👉 Gestion du stress et des émotions au travail

Stratégie individuelle contre le stress au travail

▶ Réguler les conséquences physiologiques du stress professionnel

La première porte d’entrée vers la zénitude est la stratégie la plus facile et rapide à mettre en place. Le fait d’agir sur le système nerveux parasympathique contribue à ce que l’organisme revienne dans un état de calme.

Pour cela, aidez-vous de ces techniques :

  • La cohérence cardiaque présente de nombreux bienfaits (application Respirelax), entre autres pour apprendre à bien respirer, profondément et régulièrement.
  • Les bienfaits de la méditation de pleine conscience pour éviter à notre esprit de ne pas rester dans un passé qu’il rumine avec anxiété, ou dans un futur qu’il appréhende. Vivez donc l’instant présent en commençant par une méditation guidée qui vous permettra d’entrer plus facilement dans cette pratique (applications Petit Bambou, Calm, ou encore 7 Mind).
  • Les effets du sport sur le stress ne sont plus à démontrer, il stimule la production d’endorphine (hormone du bonheur) et libère ainsi l’énergie accumulée (surtout lorsque le comportement d’inhibition empêche d’agir).
  • Faire des activités ressourçantes et qui vous plaisent : certains affirment qu’ils n’arrivent pas à « couper » mais n’ont pas pris le temps d’identifier ce qui peut leur permettre de le faire (travail, cuisine, bricolage, lecture, chant…).
  • Adopter une posture « dominante » pour aligner le mental. Lorsque vous êtes stressé, le corps est recroquevillé et respire mal. Pensez à chercher l’espace autour de vous : vous étirer, lever vos bras, regarder dans toutes les directions. En somme, imaginez-vous plus grand et vous réussirez à générer un autre état d’esprit.
  • Et c’est essentiel mais pensez à bien gérer vos besoins primaires : bien manger avec des repas équilibrés et digestes, et avoir un sommeil sans stress (par la méditation, le yoga…)

▶ Modifier la perception du stress par la bascule mentale

Après avoir identifié les émotions et les déclencheurs, il s’agit d’accepter cet état de stress. Il est tout à fait normal de ressentir des émotions fortes en tant qu’être humain. Le fait de refouler ses émotions a des conséquences car cela risque de se retourner contre vous ou autrui (phénomène de la cocotte-minute !).

La Gestion des Modes Mentaux vise à mieux comprendre, identifier et gérer la bascule entre notre mode mental automatique (source de stress en situation complexe et inconnue) et notre mode mental adaptatif (nous permettant de retrouver notre calme en situation difficile) pour évacuer un symptôme. Avec un manque d’adaptabilité à un nouvel environnement et sans bascule mentale, le stress s’installe. Il s’agit ici d’efforts de longue durée où il faut prendre une habitude pour arriver à changer d’état d’esprit. Pour vous aider dans un contexte potentiellement stressant, posez-vous la question « Quelle est l’opportunité de cette contrainte ? »

▶ Agir sur les comportements et reprendre le pouvoir sur le stress

Il s’agit d’apprendre à faire des demandes et s’affirmer sans trop être dans l’émotionnel :

  • Communiquer sans violence : apprendre à demander sans créer de conflit. Lire notre autre article : Gestion des conflits au travail
  • Poser un cadre et apprendre à dire « non » au travail pour mieux gérer le temps
  • Co-construire en proposant d’apporter des solutions si vous manquez d’autonomie

▶ Diminuer la charge mentale au travail par une bonne gestion du temps

Optimiser son temps, c’est avoir le contrôle dessus et avoir la satisfaction de terminer une tâche dans les délais. La charge mentale est ainsi allégée car un travail inachevé dans les temps va constamment solliciter le cerveau par peur d’oublier ou pour chercher à se rassurer, et le stress prend forme avec un impact négatif sur la santé. Retrouvez tous nos conseils de gestion à ce sujet : Optimiser sa gestion du temps de travail et des priorités.

▶ Demander du soutien social pour se confier sur son stress

Se sentir mal au travail et oser en parler apaise considérablement l’esprit. Identifier des personnes « ressources » internes ou externes à l’entreprise et échanger avec permet des interactions positives qui vont libérer de l’ocytocine, hormone naturelle qui contrebalance tous les effets du stress.

Stratégie managériale pour évacuer le stress en entreprise

Tous les moyens individuels sont bons pour diminuer le stress. Le management détient également de véritables armes pour prévenir et lutter contre cette maladie psychosociale en éloignant les sources de stress. Nos conseils.

▶ Ne pas solliciter ou faire travailler en dehors des heures de travail

Devoir jongler et rechercher constamment un équilibre entre vie professionnelle et vie privée peut être un déclencheur de stress. Nombreux sont les collaborateurs qui font l’impasse de leurs soirées ou de leurs weekends car se sentent forcés de répondre à des messages soi-disant urgents, ou à un appel en dehors des heures de travail. Il est question de droit à la déconnexion pour permettre de recharger les batteries.

Pensez donc à gérer intelligemment vos mails en veillant par exemple à les sauvegarder dans vos brouillons de la messagerie, ou alors à programmer une heure d’envoi, tout mail important destiné à votre collaborateur. Une autre astuce consiste à indiquer en titre de mail « non urgent ». Concernant les appels, s’ils ne sont pas urgents vous pouvez attendre le lendemain.

▶ Proposer des horaires de travail plus flexibles

Selon une étude de Malakoff Méderic en 2018 :

46 % des salariés pensent que des horaires de travail plus souples augmenteraient leur qualité de vie au travail

Lorsque cela est possible, proposer d’adapter des horaires de travail permet d’éviter les heures de pointe par exemple et de réduire les temps de trajets qui peuvent s’avérer fatiguant et improductifs, il est judicieux également de décaler des horaires de travail pour libérer du temps en journée, pour faciliter la prise de rendez-vous avec un médecin par exemple.

▶ Encourager la solidarité d’équipe au travail

La compétition ne nous pousse pas à donner le meilleur de nous-mêmes. En revanche, l’entraide au travail nous encourage à être meilleurs et à offrir un cadre de travail stable et favorable. L’idée est de réunir toutes les compétences pour former un groupe qui utilisera les qualités de chacun.

Dans un environnement de cohésion, il est plus facile de travailler paisiblement

Un salarié en souffrance aura tendance à s’isoler du reste de l’équipe, tandis que la cohésion d’équipe encourage à se rendre au travail avec une attitude positive et se sentir plus fort.

De même, une nouvelle recrue se sentira moins démunie si un système de parrainage est bien ancré dans son parcours d'intégration en entreprise.

Cette solidarité est particulièrement recherchée en situation de crise en entreprise, où l’on recherche naturellement du soutien.

▶ Donner du sens au travail et susciter de l’intérêt

Mettre le collaborateur à contribution, encourager son apport par la co-constuction et la co-planification. Cela offre de l’autonomie au collaborateur, mais aussi permet de dégager du temps au manager afin de se concentrer sur des réflexions plus stratégiques.

▶ Bien accompagner ses collaborateurs

Un bon manager écoute, comprend et aide à évoluer. Instaurer des habitudes de feedback est une bonne manière d’avoir des échanges constructifs mais aussi de montrer des signes de reconnaissance et de considération. Autre point important dans cet accompagnement, en cas de conflit entre collaborateurs : prenez les choses en main avant que la situation ne s’envenime, ou mieux, misez sur de la prévention. Pour aller plus loin à ce sujet, nous vous invitons à lire cet autre article : Les techniques de gestion des conflits au travail

▶ Transformer une erreur ou un échec en opportunité

Pour qu’un échec devienne une source d’apprentissage, il faut prendre du recul pour en tirer des conclusions constructives et s’améliorer. Dédramatiser une situation d’échec, c’est paradoxalement offrir la possibilité de rebondir vers une dynamique positive après un échec. Encore une fois, sortez la carte de la positive attitude !

Côté entreprise, comment baisser la pression sur les salariés et améliorer le bien être au travail ?

L'INRS affirme :

« L’employeur doit assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés au travail »

Pour cela, il est important de faire de la mesure de prévention collective une priorité contre le stress au travail. Le principe est d’agir sur les causes du stress et de ne pas le laisser s’installer.

Une entreprise qui vise à développer une certaine qualité de vie au travail va centrer ses actions autour du travail et de l’organisation, notamment dans le cadre d’une politique de services aux salariés :

  • Une culture d’entreprise avec des valeurs faciles à partager
  • Une salle de sport
  • Des espaces de déconnexion professionnelle et de détente : salle de sieste, salle de jeux (ping pong, babyfoot…) ou coin lecture
  • Des séances de relaxation offertes au sein de l’entreprise : yoga ou méditation
  • Des rassemblements réguliers, ouverts à tous les salariés, pour discuter de la vie en entreprise autour d’un café et nouer des nouvelles relations
  • La formation des managers à la détection des signaux faibles chez les personnes stressées d’une équipe ; et la sensibilisation des collaborateurs à détecter ces souffrances au travail (des sortes de relais au sein d’une même équipe pour alerter les managers)

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Il vaut mieux prévenir que guérir, mais le stress n’est pas une science exacte et lorsqu’il passe à travers les mailles du filet, en tant que RH veillez à donner accès à des ressources de santé personnelles autant que possible. Ces ressources doivent être visibles et connues, et cela peut passer par :

  • des personnes relai ou bien une boite mails dédiée pour accueillir les doléances,
  • un service d’aide téléphonique permettant de mettre en relation les salariés en détresse avec des psychologues,
  • des séances de coaching sur volontariat pour faire bénéficier d’un accompagnement psychologique des salariés vivant des situations difficiles.

➞ Ces démarches seront optimales à condition d’avoir une direction engagée, des représentants du personnel impliqués et des collaborateurs participatifs.

Le stress : vision à long terme

Vous ne pouvez pas tout contrôler dans votre environnement professionnel, mais, avec les connaissances et la préparation adéquates, vous pouvez tout à fait gérer votre stress au travail individuellement, ou détecter, agir et soutenir en tant que RH ou manager d’une équipe.

Alors avant toute mise en pratique, posez-vous d’abord les bonnes questions :

  • « Est-ce que je ressens du bon ou du mauvais stress ? »
  • « Quelle part de stress provient de mes pensées ? Quelle part provient d’une cause extérieure ? »
  • « Puis-je contrôler certains éléments du stress, agir ou demander de l’aide ? »

Ensuite, prenez le temps de maintenir de bonnes habitudes contre le stress chronique, celles qui vous conviennent le plus, et vous pourrez en ressentir les bienfaits des semaines plus tard. Ce n’est qu’une histoire de patience et surtout de prise de conscience !